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Accepter la Vie telle qu’elle va ou mon chemin vers la Compassion.

Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l'être mais aussi la sagesse de distinguer l'un de l'autre.

Cette phrase de Marc Aurèle, m’agaçait.

Je me révoltais et je rétorquais intérieurement : « Supporter ??...Si nous le voulons vraiment, nous pouvons changer tout ce qui nous est insupportable ».

Puis, comme la Vie m’aime bien, elle m’a donné un autre bébé.

Je lisais quelque part l’autre jour qu’un auteur nommé Vasudev disait « Si tu es trop plein de toi-même, la vie doit te pétrir ». En ce qui me concerne, la Vie a décidé de m’envoyer trois petits êtres les uns après les autres, qui m’ont pétri le corps, me pétrissent la tête avec obstination, et, sans faire exprès, pétriront mon âme jusqu’à ce qu’elle s’éteigne.


Aux Origines


A l’origine,

La violence est mortelle.

Je ferme les yeux, je ne veux pas voir.

Ça fait mal, là, au centre de ma poitrine.

C’est comme une lance qui me transperce de part et d’autre.

A tout jamais, la division règne.

Un cri de douleur, une prophétie fallacieuse. Oh ciel…Je ne me retrouverai jamais.

L’obscurité sur une part de moi. La lumière aveuglante sur l’autre part de moi.

Dans les deux cas, je ne sais plus voir correctement.

Je n’arrive plus à saisir la vie.

Happée par ce niveau de cruauté, j’oublie comment on fait pour vivre.

Et pourtant, avant…lors de ces temps immémoriaux, qu’est-ce que j’aimais être portée.

J’étais eau, j’étais vent, j’étais lave ; je suivais mon cours.

Là, au moment de la séparation, j’ai oublié.

Ma conscience s’est figée en cet instant d’une monstruosité inouïe.

Un haut le cœur. Le bruit d’un sanglot atroce finit de me révéler le vide infini qu’il y a désormais entre ces deux parties de moi. Et voilà que mon cœur m’échappe. Comme un papier chiffonné, il s’envole loin de moi. Il devient une idée.


La vie pour du semblant


« Il faut que je fasse mieux que ça.

Je dois y arriver.

Ils ont besoin de moi.

Il faut que je sois plus présente.

Je dois être plus gentille.

Je dois amener plus de spiritualité dans ma vie.

Je dois peindre. Je dois écrire. Je dois lire. Je dois méditer. Je dois dormir.

Je ne dois pas m’énerver.

C’est à cause de moi.

J’ai encore fait ça !

Je n’aurais pas dû faire comme ça…

J’ai tout raté.

Pour faire ça, je dois être comme ci.

Je n’aime pas les gens comme ça.

Il ne fait aucun effort.

Je n’ai pas de chance ! Pourquoi donc t’acharnes-tu sur moi ?? Laisse-moi tranquille !

Je suis sûre qu’elle ne m’aime pas…

Tu ne m’aimes pas vraiment…

Je ne suis pas importante pour toi.

Tu ne prends pas soin de moi.

Tu n’es jamais là.

J’ai besoin que tu….

M’enfin c’est n’importe quoi ce que tu dis là…

Quoi ??...Pourtant, je fais de mon mieux !! »


La chute, la brisure, le désamour : regarder l’Ombre en face – ou jeux de miroirs.


Oui, je te critique. Je te dévalorise.

En fait, cela me fait mal quand je te sens indifférent.

Tu ne me vois pas, tu ne m’écoutes pas vraiment; tu ne fais pas comme j’ai « besoin » que tu fasses) ; je suis de nouveau - comme aux origines – dans cette solitude mortifère.

Je suis seule. Je ne dois pas être aimable…Cette distance que tu mets entre nous…cette distance entre les deux parties de moi. Celle qui aimerait te rejoindre, celle qui aimerait me rejoindre. Ecartelée dans ce hiatus, je ne me vois pas. Ma voix se perd dans la profondeur du vide, et son écho est incompréhensible. Comment pourrais-tu l’entendre, si moi-même je ne parviens pas à en saisir le sens ? A force d’être séparée (de moi, d’eux, de la Vie), je me glace. Ma glace te pique les yeux, elle te tient à distance. Ta froideur me pétrifie, et même figée, je ne cesse de te chercher. Je ne suis pas bien. Je ne suis pas bien à l’intérieur de cette glace, dans ce froid qui me rappelle l’absence de vie, qui me rappelle la lame qui tranche le lien, sa cruauté, son aveuglement. Je cherche la chaleur auprès de toi. Je suis avide de Présence ; tout mon corps te réclame, anesthésié de douleur, insensible à la douceur, il croit que la Présence l’a déserté. Je languis de ta chaleur. Je languis de l’illusion éphémère (mais salvatrice) de me penser aimée (ce qui est différent de se croire ou se sentir aimée). Comme une funambule, je me déplace sur le fil tenu de cet espoir. Il me semble que tu ne veuilles pas me rattraper si je chute. Je m’oblige à croire que oui, sinon c’est l’interminable déchéance. Mais le doute perdure.

Ce n’est pas facile d’arrêter d’attendre un amour que l’on arrose d’espérance, mais qui n’existe pas.

C’est difficile de devoir donner sans limites – inconditionnellement – et de ne sentir à ses côtés – et dans sa poitrine - que froideur et désamour. C’est difficile de faire ce travail sans pouvoir se ressourcer au creux d’épaules solides et chaleureuses, auprès d’une présence disponible et attentive.

Continuellement, je fuis mes besoins.


Qui suis-je quand je ne fais rien ?

Quand tu ne m’appelles pas, quand tu n’as pas besoin de moi – qui suis-je ??

Qui suis-je sans ton besoin ?

Si tu n’as pas besoin de moi, je ne suis rien. Il faut que je me sacrifie, que je m’ampute de ma liberté, de mon repos, de ma source vive pour être aimable. Pour être mère. Pour être quelqu’un. Pour mettre un visage convenable sur cette grimace monstrueuse.

Si je ne fais rien, je n’ai pas de valeur.

Vu que mon Etre n’a pas de valeur, il faut que j’en donne à mes actes.

Il faut dès lors, que toi aussi, tu fasses des choses pour moi – je ne sais pas reconnaître le goût de la présence.

L’Amour est dans le faire.

Je comprends maintenant ! Pourquoi je faisais de cette phrase mon adage : « Il n’y a pas d’Amour, il n’y a que des gestes d’amour ».

Pour toi, je ne dors pas. Même quand tu dors, je ne dors pas. Il faut que je continue à faire quelque chose, à me préoccuper de toi sinon, je ne me supporterai pas.

Je ne veux pas changer. Je veux mourir. Je déteste ce que je suis.

Je déteste quand tu fais ça. Il faut que tu changes (il faut que celui que tu es meure).

La Vie est dure.

…Et moi ?


L’étreinte


L’incapacité (temporaire) de mieux faire.

Le fait d’avoir reconnu ma mère dans ma blessure, m’a mis en contact avec sa blessure.

Puis, il y a eu ce jour, où tout allait mal à la maison. Les enfants débordaient d’émotions, d’exigences et j’ai été incapable de gérer la situation. J’ai une fois de trop adopté le comportement que je m’étais promis (mille fois) de ne pas adopter. Je suis dépassée, j’ai beau essayer de toutes mes forces, mettre en mouvement toute ma volonté, m’invectiver à aller puiser dans les profondeurs de mon amour…maintenant : je ne parviens pas à mieux faire.

Je suis dans l’incapacité (temporaire ?) de mieux faire.

Je comprends, en cet instant, que l’on ne puisse pas changer certaines choses.

Je reconnais mon impuissance – son impuissance ; leur impuissance.

Lorsque je valide la possibilité que, à certains moments, la volonté ne puisse pas tout, je sens la vie se détendre. Son fil devient moins tendu, son cours reprend sa douceur.


Accepter la faiblesse, la petitesse, la laideur, la fadeur, la tristesse, l’incapacité, l’impuissance, la rature…Ma rature. Une leçon d’humilité.

Si l’autre ne prenait pas soin de moi, comme je le lui reprochai, c’est parce que je ne le laissais pas. Finalement, ça aurait été comme avouer ma faiblesse. Me sentir petite et inutile.


Si je n’accours pas vers l’autre - si je n’essaye pas de le sauver -, cela me donne de l’espace pour regarder ma propre blessure, et m’en occuper.


Si l’autre n’a pas besoin de moi, cela suppose qu’il est en paix avec ce qu’il est et ce qu’il a. Cela ne veut pas dire qu’il ne m’aime pas.


Si je ressens ce désamour dès lors que nous ne sommes pas en lien ; si c’est là l’histoire que je me raconte alors, très probablement, que c’est moi-même que je devrais étreindre à ce moment-là. Bercer, cajoler, regarder, nourrir, caresser. C’est ma Présence que je cherche, et ce sera la seule à pouvoir rassasier ma soif. Aussi blessée, brisée, et imparfaite soit-elle.


Et quand l’autre sera là, et que j’y serai aussi, sans avidité nous pouvons nous rencontrer. Et le mieux que nous puissions faire, l’expérience la plus intense - et même divine- que nous pourrons vivre ensemble, ce sera celle de rire…Rire de la Vie telle qu’elle va. Aimer y être. Aimer se retrouver, s’entraider, se donner. Et oublier qu’il n’en sera pas toujours ainsi.


Gisela 🌹


D'Ombre et de Lumière , recueil de poésie et de textes d'inspiration.



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