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IL N'Y A PAS DE MAUVAIS CHEMIN.Tous les chemins mènent à l'Âme lorsqu'ils empruntent la voie du Cœur


Lundi ce fut mon dernier jour de travail en tant qu'accompagnatrice sociale auprès de personnes sans-abri.

En 2012, j'étais engagée dans une association descendant directement des Filles de la Charité et de leur orphelinat au cœur de Bruxelles, dans ce qui fût jadis le quartier le plus populaire - et le plus pauvre - de la capitale.


Je garderai toujours un souvenir impérissable de l'entretien d'embauche. Une conversation atypique pour l'occasion qui signait le départ d'une collaboration, mais aussi d'échanges profonds, spirituels et pleins d'authenticité. Je me souviens notamment qu'il m'a été demandé de discourir à propos de l'assertion bien connue : "La religion est l'opium du peuple".


Trois jours après, j'étais à mon poste au sein de cette association qui offre l'habitat accompagné aux plus démunis. Il s'agit de rendre le logement le plus inconditionnel possible en accueillant en priorité les personnes et les familles cumulant le plus de problématiques. Outre des problématiques courantes comme le surendettement, handicaps, sans-abrisme chronique ou placement d'enfants; ceux qui se voient attribuer un logement en priorité souffrent de toxicomanie, addiction à l'alcool souvent cumulées avec des troubles psychiatriques, comme des psychoses.


Pendant plus de quatre ans mon travail a été d'accompagner ce public dans la stabilisation en logement. Les maîtres mots historiques de l'asbl relayés infatiguablement par le meilleur directeur qu'il m'ait été donné de côtoyer étaient " Le bien que tu fais, il s'agit de bien le faire " et "Les pauvres sont vos Maîtres". Pour plus intransigeants que ces préceptes puissent paraître à première vue, leur vivance dans le cadre de ce travail m'ont transmis un enseignement d'une valeur inestimable. Si pas l'enseignement de ma vie : savoir m'incliner devant mon impuissance et ma dimension humaine. En effet, lorsque vous pensez faire ce qui est bien et que vous vous efforcez de bien le faire et qu'en dépit de tout cela, vous ne parvenez pas à changer la destinée de l'autre - que vous pensez voir s'éffondrer - vous comprenez le sens du mot humilité.


Vous apprenez à prendre une place plus juste : vous rendez au Divin sa Toute-Puissance. Vous rendez à cet autre le don qui a été reçu par chacun de nous : le libre-arbitre, et la capacité à disposer de sa vie même en dehors du cadre établi.


C'est le guide spirituel de cette association, Saint-Vincent de Paul, qui dit : " Jamais Dieu n'appelle une personne à un emploi s'il ne voie en elle les qualités propres pour s'en acquitter, ou qu'il n'ait dessein de les lui donner ".


Au sein de cette association, en plus des enseignements spirituels, j'ai reçu une famille. J'ai pu me montrer authentique : dans mon humour, mon excentricité, mes idées parfois pas accessibles au premier abord, ma quête de profondeur qui en éreinte plus d'un... D'une certaine manière, l'enfant en moi y a également trouvé un toit...


Puis, mon déménagement à la campagne a rendu ce travail et ses horaires difficilement compatibles avec la vie de famille. J'ai essayé un temps, mais ma famille et moi s'épuisaient...Mon départ de l'association s'est fait dans des conditions qui ne m'ont pas permis de faire mes aux-revoir et de rendre tout ce que j'avais reçu...D'ailleurs, sans m'en rendre compte, j'avais gardé la clé des bureaux dans mon porte-clés.

Il n'y a pas plus belle illustration de ce qu'est un acte manqué puisque 4 ans plus tard, je recevais la proposition pour revenir à mon poste. Mon activité de coaching ne me rapportait pas assez de moyens; je ne ressentais aucun désir de m'engager dans des processus marketing pour me vendre; ma créativité tarissait. "Demande et tu auras". Cela faisait quelques mois que je "rêvais" de réintégrer mon ancienne équipe et que je priais, sans trop y croire, pour un miracle. Et pourtant la proposition est arrivée. Le télétravail partiel la rendait réalisable.


Il y a 16 mois je revenais dans cette cour gardée par la Mère Divine. J'étais emplie de Joie et portée par le sentiment de revenir au bercail.


Plus d'un an est passé et je pourrais dérouler tout un éventail de raisons pour lesquelles j'ai décidé de quitter définitivement ce travail. Mais les raisons sont-elles importantes dès lors où il y a un choix ? Bien souvent, lorsqu'on se précipite dans le récital des raisons, c'est soi-même que l'on cherche à excuser.

L'essentiel est que j'ai choisi mon chemin. J'avais trouvé une famille où je me sentais bien, un mentor, un sens à donner mon existence et à l'héritage transgénérationnel : donner un toit aux sans toits. Et sauver en même temps l'adolescente sans toit que j'ai été ainsi que tous ceux et celles avant moi qui n'avaient pas de foyer...Et pourtant. À la naissance du printemps, j'ai choisi d'emprunter un autre chemin. D'œuvrer différemment pour notre Humanité. De contempler le divin sous d'autres horizons. Aucun des chemins n'était mauvais.

Mon Âme me porte quelque part et sur le chemin de la Vie, il n'y a pas de raccourci.

Bien souvent, les détours valent la destination : je dis Merci à la Vie pour ce nouveau détour qui m'a fait rencontrer et toucher bien des Cœurs. Avant de quitter, j'ai reçu la visite de cette femme et son enfant qui a intégré un de "nos" logements après une année de sans-abrisme. Ils m'ont dit Merci et m'ont serré dans leurs bras. Cette femme qui vit dans une grande précarité m'a offert un beau bouquet et des chocolats. Mais surtout elle m'a dit ces paroles : " Hier, mon fils était assis au bord du lit et, pour la première fois il m'a dit : Maman, je suis heureux. Vous êtes une personne extraordinaire et je suis tellement reconnaissante d'avoir croisé votre chemin. Surtout, restez comme vous êtes. Et ne vous inquiétez pas pour le reste, Dieu est avec vous. Quoique vous fassiez".


Gisela





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